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Toutes les croyances identiques

Peut-être penses tu, lecteur, qu’un athée se doit de ne pas avoir de croyances. Un athée, s’il rationnel tout du moins, fonde sa vison du monde sur des éléments observables, des faits vérifiables et reproductibles. Nous nous devons donc d’éviter autant que possible de nous fier à des hypothèses non-vérifiées, et nous méfier à toute force des opinions pseudo-scientifiques, n’ayant de rationnelles que l’aspect, ne se fondant que sur du vent pour escroquer, voire pire, prôner la violence contre d’autres êtres humains sans que ceux-ci nous aient provoqués. De bons exemples en sont respectivement toutes les pseudo-sciences comme l’homéopathie, et l’eugénisme, idées aussi vaines l’une que l’autre, la seconde étant toutefois nettement plus nocive que la première. Les athées doivent donc se garder de rediriger la foi aveugle que d’autres vouent à d’illusoires divinités vers les sciences et ce qui s’y rapporte, sous peine de tomber sous les coups de travers tout aussi fâcheux.

Cependant, les sciences modernes sont si avancées, et progressent à une telle vitesse que nul ne peut se tenir informé de l’entièreté des connaissances humaines, même s’il y consacre sa vie. Nous nous trouvons donc face à un problème insoluble : comment parvenir à circonvenir le champ de notre savoir de telle sorte qu’il soit intelligible par tout un chacun, sans avoir à y dépenser toute son énergie ? Le seul moyen de s’en sortir repose dans la croyance. Entends-moi bien : je ne parle pas ici de la croyance en une quelconque entité immanente, ni en de quelconques faits plus ou moins nébuleux. Je parle de la croyance en nos semblables. S’il est effectivement impossible de se tenir au fait de l’intégralité des découvertes humaines, il est en revanche possible de se spécialiser de façon à comprendre à fond une branche réduite, comme la microbiologie ou la physique nucléaire, et de s’y maintenir à jour tout du long de sa carrière.

Les concepts manipulés par ce qu’il est possible d’appeler une « élite », une fois suffisamment bien compris par celle-ci, pourront être simplifiés et rendus intelligibles à tous. Cependant, pour rester raisonnable, il convient de s’assurer de la fiabilité des connaissances ainsi simplifiées. C’est donc ici qu’intervient la validation par les pairs. Toute donnée rendue publique se doit d’être fondée sur des expériences reproductible, ou déduites de données objectivement enregistrées, puis soumises à plusieurs analyses de la part de différents groupes. Si l’écrasante majorité des experts s’accorde à dire qu’une théorie, en l’état actuel de nos connaissances, peut être considérée comme vraie, alors, en sachant que l’exposition d’une preuve invalidant cette théorie rendrait immédiatement célèbre son découvreur, le plus raisonnable est pour ainsi dire de croire ces experts sur parole, et d’accepter comme vraie la-dite théorie, tout au moins jusqu’à ce qu’un fait nouveau ne l’invalide. Quant à l’hypothèse selon laquelle tous les experts comploteraient pour cacher une quelconque vérité, c’est celle-ci qui est déraisonnable. En effet, sur des milliers de personnes impliquées, si brillantes soient-elles, il y aurait sans aucun doute depuis temps eu une fuite.

Ainsi t’ai-je expliqué que, pour rester rationnel, il faut croire. Mais ne t’y trompes pas : cette foi n’a rien à voir avec celle de la religion. Pour commencer, il est possible de réfuter cette croyance : il suffit pour cela d’étudier le domaine concerné, et cette croyance en l’homme qui découvre fera place à la confiance en des connaissances étayées, justifiées par des faits observables. Cependant, comme nous l’avons vu, il n’est pas nécessaire d’étudier à fond chaque discipline pour se faire une idée du monde qui nous entoure. Car le mot croyance que j’ai utilisé est en vérité parfaitement interchangeable avec le mot confiance. Il ne s’agit pas tant de s’enfermer dans un système fondé sur la foi que d’éviter de s’enfermer dans un autre où le seul être digne de confiance est soi-même, posture pathologiquement paranoïaque.

Un croyant pourrait objecter que la devise des USA, « In God we trust », c’est à dire « Nous croyons (dans le sens de faire confiance) en Dieu » dénote une foi semblable chez les fidèles des religions. C’est indéniable. Mais cette foi n’est en vérité que subsidiaire à une autre, celle de l’existence de ce Dieu, car il m’est difficile d’imaginer qu’un esprit même malade puisse faire confiance à quelque chose qui n’existe pas pour lui. Or, l’opinion sur l’existence ou l’inexistence de Dieu ne sera jamais qu’une croyance, au sens propre du terme. Il convient ici de préciser que douter de l’existence des scientifiques à l’origine des publications est dangereusement proche du doute de l’existence de tout ce que l’on n’a pas pu observer, croyance qui, tout comme celles concernant Dieu, est totalement indémontrable, mais surtout irréfutable, et étant donné que nous nous plaçons ici dans le domaine de la science, il convient de la rejeter.

Il convient ainsi de distinguer les deux sortes de croyances : celles en des chose dont on peut dire qu’il est possible de les transformer en savoir à proprement parler, et celles en des choses dont nul ne peut proprement déterminer le degré de véracité, que ce soit par manque d’avancement du niveau des connaissances de l’humanité prises dans leur ensemble, ou parce-que nul ne pourra jamais déterminer avec certitude si elles sont vraies ou fausses. La première sorte fait appel à la confiance, confiance en son semblable indispensable pour ne pas sombrer dans le délire paranoïaque, la seconde n’appelle qu’à une foi aveugle et dénuée de réflexion. Bien que le second type puisse, il est vrai servir de guide valable, ce n’est possible qu’à condition de se dégager de l’interprétation littérale du message donné.

Pour autant, la plupart des textes véhiculant ces croyances étant très anciens, il convient de contextualiser leur contenu, et de ne pas chercher à chercher un message aujourd’hui considéré comme sain derrière chaque mythe contenu dans des recueils tels que la Bible. Pour rester sur cet exemple, cette dernière contient ainsi l’appel au meurtre de toute personne ne partageant pas les croyances professées par ce livre, cas ou je discerne mal une morale morale (non, pas de répétition ici). Cela peut en par contre avoir une utilité, et aider à la cohésion d’un groupe trop grand pour que les liens personnels fonctionnant au sein de le tribu demeurent valables, ne restant uni que grâce à des croyances communes. En revanche, il est totalement néfaste dans une nation moderne (qui demeure une forme de groupe social très vaste), tellement grande qu’il est illusoire de maintenir une foi commune parmi tous les individus la composant, et je n’évoque même pas le niveau international, lequel est pis encore.

Ceci est dit pour être certain que tu me comprennes bien lorsque je vilipende la religion et les religieux : ce ne sont nullement les croyants modérés que je vise (bien que j’estime, et je ne m’en cache pas qu’ils ont tort de croire, bien qu’ils en aient parfaitement le droit), mais les extrémistes en tout genre trop stupides ou paresseux pour faire une lecture autre que littérale de leur livre, quel qu’il soit. Quant à mon problème avec les hautes sphères des différents clergés, déjà exprimé, il tient avant tout dans mon exécration du pouvoir sous toute ses formes. Ceci étant dit, j’espère, si tu es croyant, que tu ne vas point me traiter d’intolérant athée. Ou alors seulement avec ce qui ne me tolèrent déjà point.

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